Dans la salle du Club olympique bayonnais (COB), ils sont une petite trentaine en ce mardi de vacances à se frotter et se piquer à l'art du full-contact. Jeunes pugilistes du centre de loisirs d'Arrousets ou inscrits aux Tickets découvertes, ils transpirent sous la houlette de Kadiri Laaroussi, leur initiateur bénévole. Et on leur laisse volontiers notre place…
Cette fragrance de l'effort, âcre, si caractéristique des salles de combat, ne trompe pas : ici, on se fait mal, on transpire à grosses gouttes. « On est là pour ça », glisse Kadiri. « Fight ! », annonce Adil Merzouki, l'un des moniteurs bénévoles du COB. C'est parti pour l'assaut !
Et quand cela vire à la mandale désordonnée, Kadiri recentre les débats : « Ne tapez pas avec le revers de la main, c'est interdit en boxe. Ca n'existe pas. Le tatami, c'est pas le Petit Bayonne. » À ceux que le combat grise, il faut parfois rappeler qu'« on travaille léger, les gars, on n'a pas de protections ».
Kadiri connaît bien c'est enthousiasme à canaliser. Il sait que « quand ils mettent les gants pour la première fois, ils s'emportent un peu ». Et d'observer que « ça peut virer à la bagarre ». Alors Kadiri, Adil et leur camarade Coralie commencent par éreinter leurs disciples d'un ou plusieurs jours.
« On leur fait faire d'abord un peu de physique, ils y laissent un peu de jus. » Autant d'électricité qui ne passe pas en empoignades irrégulières.
À vrai dire, les stagiaires en bavent. Des séries de pompes, abdominaux, gainage et autres joyeusetés du genre entrecoupent les temps de boxe pure. « Allez, sur les poings et on pompe ! Vous m'en faites 20 chacun. Allez, c'est parti ! » Un gamin en surchauffe : « Ouha, ça brûle ! » Kadiri : « C'est normal. »
Et quand l'escouade traîne à la pause eau, le rappel ne tarde pas : « Je n'ai pas dit que c'était fini. » L'ultime exercice, la corde à sauter, s'avère peut-être le plus complexe. Finalement, les combattants y retournent d'assez bonne grâce. C'est qu'ils y prendraient goût !
Dans le quartierQu'en garderont-ils ? Kadiri l'espère, la conscience qu'un sport de combat exige des règles. « On essaie de leur faire passer l'idée du respect. Des codes du combat, mais aussi de l'adversaire. Donner des coups exige de la discipline et du respect. » Peut-être certains désormais initiés auront-ils envie de prolonger l'expérience et de pousser la porte du COB. En tout cas, ils en connaissent désormais le chemin. « Pour nous, c'est important de leur faire découvrir cette salle. Et aussi le quartier. Certains n'y auraient jamais mis les pieds. » Sainte-Croix, autrement dit la ZUP, autrement dit les Hauts de Bayonne
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